vendredi 31 août 2007

DIARY ONE


La main opposée au temps


La main opposée au temps
reste soumise
soumise

Elle s’occupe du souvenir,
ne rompt aucun silence.

Etrangers, les mots se posent entre nous.

Ta violence maladroite s’évanouit,

aussitôt la séparation réparée.

Une secrète alliance entre nous,

s’obstine à garder dans le corps,

la mémoire vivante de notre peau

Elle s’occupe du souvenir,

ne rompt aucun silence.

Etrangers, les mots se posent entre nous.

Ta violence maladroite s’évanouit,

aussitôt la séparation réparée.

Une secrète alliance entre nous,

s’obstine à garder dans le corps,

la mémoire vivante de notre peau.

LM, paris

Lamentation pour l’amant disparu

( un thrène)


Mon bel amant, mon petit, mon cœur,

il est tard, il est déjà trop tard,

c’est fait et plus à refaire.

Mon cœur a séché,

je me noie dans la rareté de ses larmes.

Il est tard, il est déjà trop tard.

Les vers,

les insectes vont te dévorer,

le temps fera de toi

un paillon à la nuit brève.

Les morts regardent de l’autre côté de l’abîme,

de l’autre côté du puits,

ils arrivent du fond de la peur.

Oh mon bel amant, mon tout petit, mon cœur!

La barque de Caron ne peut se fier à la lune.

Ombres et battements d’ailes furtifs

glissent sur le Styx.

Va-t’en mort !

Gueule de chauve-souris au museau ridé.

Elle te prend sous son manteau de poussière.

Des fleurs poussent sur les pierres.

Il est tard, il est déjà trop tard.

Mon amant, mon petit, mon cœur,

j’ai un couteau planté dans ma bouche.

Une dent de loup te coupe la lèvre,

et c’est moi qui saigne.

Aie, aie, aie, mon amant,

mon tout petit, mon cœur !

Je suis une Cassandre inutile

au rire brisé d’Ophélie.

Après t’avoir pleuré,

après avoir ri aussi,

après la vaisselle et le rangement,

j’irai à la fenêtre de ma chambre

crier au monde :

- Je t’aime, ô toi !

Mon tout petit, mon bel amant, mon cœur !

Dieu t’a insufflé la vie

par le « baiser de sa bouche «

tu as avalé une partie de son âme.

Après, tu as chuté dans le monde

et je t’ai rencontré.

Il faut rendre aux choses leur gloire.

Ce soir je suis nue dans les plis de nos draps,

Nostalghia, nostalghia.

Tu as le visage gris de l’absence.

Tu es le père du vent.

Souffles sur ma peine,

sur la pourpre désolée de mes lèvres.

Sans toi, j’ai les mains déracinées.

Libère mes mains.

Pour toi, la rose se plie

De beauté et de velours rouge.

Bruxelles, 31 octobre 2005



L'homme chute


L'homme chute


L’Homme chute


Je pousse le corps

à s’inscrire dans le vide,

se révéler, se démultiplier.
Prendre le contour, le perdre,

en acquérir d’autres,

danser.


Le poids du corps,

le poids du vêtement.

Le déplacement, la gravité.

Le déséquilibre, reconnaître

son poids.


L’homme chute dans le monde,

il rentre dans sa peau

et habite une maison,

son vêtement est rude.


Il apprend les gestes,

les enluminures de la danse.


Le naufrage le surprend,

il l’accueille comme

les mots suspendus

qu’il aime,

auxquels il est dévoué.


Incertitudes.


Se reconnaître dans ses

déséquilibres,

ne danser qu’entre

deux pôles.


L’insupportable quête

et ne jamais tomber.


Danser l’épuisement,

son espace.

Notre fatigue n’est pas

partageable.


Répétitions sans cesse

et la mort couchée

dans nos bras.


Cette mort nous sauve.